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Du 22 juin au 31 août 2008

Bob Verschueren

Musée lapidaire // Montauban

Exposition

L'usage de végétaux dans ses installations lui permet de proposer un regard lucide et admiratif sur les constituantes de la vie et de mettre en avant les liens indéfectibles qu'elle entretient avec la mort. L'essence même de chaque travail est inscrite dans le matériau choisi. En proposant une oeuvre en mutation, le créateur bruxellois souhaite modifier les façons de percevoir la nature, ses lois et ses mystères.

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INFOS

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Bob Verschueren est un artiste plasticien autodidacte, né à Etterbeek en 1945.
Son parcours artistique débute dès la fin des années soixante. A l’époque, même s’il s’adonne à la peinture à l’huile, il éprouve déjà un intérêt pour la nature (et les arbres notamment) dans les thèmes qu’il aborde.
Vers la fin des années septante, il délaisse quelque peu la pratique picturale traditionnelle pour s’orienter vers le land art en réalisant des «Wind paintings» et des «Light paintings». Les «Wind paintings» sont le résultat de pigments répandus sur une plage ou un site anodin, emportés par le vent qui exerce alors son emprise sur le paysage; la texture et la couleur du sol s’en trouvent modifiées. Cette «peinture» étant éphémère, on ne peut en garder la trace qu’en photographiant ces modifications. Il en va de même pour les «Light paintings» qui sont une réflexion sur la nature confrontée à la lumière.
La rencontre avec les formes de la nature pousse l’artiste à se consacrer, dès les années quatre-vingt, à l’usage exclusif de matériaux naturels, et en particulier les végétaux, pour réaliser ses œuvres.
La nature, sa source inépuisable d’inspiration, lui permet de travailler selon une méthode adaptée à sa convenance: «Il me faut une part d’incertitude, une chance d’être surpris. Travailler avec les éléments de la nature exclut le risque de tout maîtriser, de s’ennuyer.»

Les installations végétales
Les créations de Bob Verschueren prennent la plupart du temps la forme d’installations végétales sur lesquelles il pose un souci d’objectivité, excluant toute vision symbolique ou message écologique: «Je propose un regard sur la nature sans romantisme, car le romantisme n’est que mensonge par omission». Ne pas compliquer le travail et rester dans la simplicité est l’un de ses objectifs: «Complexifier un travail me paraîtrait lui ôter la force de ce qui se rapproche de l’évidence.». Une incessante réflexion rythme cependant ses installations; il tient à ce que ces dernières soient créées en fonction du lieu qui les accueille. Il veille également à ce que l’ensemble formé par l’architecture du lieu, l’œuvre créée, la nature et le matériau choisi s’accordent parfaitement.
L’artiste a pour habitude de créer ses installations à l’aide d’éléments végétaux et minéraux qu’il récolte à proximité du lieu de leur réalisation. Il s’est toutefois permis quelques exceptions, notamment lors de son voyage à l’Île de la Réunion durant lequel il s’est intéressé aux feuilles de bananier et de caoutchouc. Mais, dans tous les cas, les éléments récoltés sont déplacés de leur cadre naturel pour construire les installations, structurées la plupart du temps de façon géométrique. Dès ce moment, ils sont soumis à la déliquescence de la vie, ne pouvant échapper à leur inévitable décomposition.
Ses créations astreintes à la notion de durée, Bob Verschueren devient artiste de la disparition. Signe de leur fragilité, le caractère éphémère de ses œuvres ne leur permet d’exister que le temps de l’exposition. Comme dans les «Wind paintings», la photographie demeurera le seul témoignage de l’installation.
Le spectateur quant à lui assiste à une mutation des œuvres, bien que ce soit leur dégradation qui soit à l’origine de cette «évolution». Changement de tons, flétrissement et décomposition ne seront que des stades intermédiaires qui mèneront à l’effacement complet de l’installation et marqueront son accomplissement final.

Entre les installations
Lorsqu’il n’a aucune exposition en vue, Bob Verschueren s’attache à d’autres compétences telles que la photographie ou la phytogravure qui consiste à réaliser une empreinte à partir d’un élément végétal. Cette forme d’expression rappelle l’attachement de l’artiste à la richesse de la nature puisque chaque élément qu’elle offre est unique, de même que les impressions qu’il réalise n’excèdent pas, la plupart du temps, un seul exemplaire.
Depuis 1995, il travaille également sur base des sons émis en manipulant des végétaux, enregistrés en studio afin d’en réaliser des compositions, regroupées sous le titre de «Catalogue de plantes ».

Un art et des recherches
On perçoit dans la démarche de cet artiste tout un travail de recherche. Il explore les éléments naturels qui construisent ses œuvres, il découvre les opportunités qui lui sont offertes au fil des saisons et en fonction du lieu qu’il prospecte. Chaque travail se rattache au(x) précédent(s), chaque trouvaille compte et lui permet de poursuivre au mieux son parcours artistique.
C’est un art de partage que propose Bob Verschueren, qui avoue «Je ne peux envisager de faire un travail sans l’objectif de partager mes enthousiasmes avec les autres».
Et c’est là une réussite pour l’artiste qui a acquis, au fil des années et par ses interventions en divers lieux d’Europe et du Monde (Belgique, Allemagne, Canada, France, Hongrie, Italie, Singapour, …) une incontestable notoriété.
Il conquit mais inspire aussi. Dans son essai cinématographique «Au gré du temps», Dominique Loreau s’est inspirée du travail de l’artiste pour poser un regard à la fois philosophique et poétique sur le monde des vivants.

Montauban
Bob Verschueren présentait des installations dans le Musée Lapidaire. Charmé par le lieu, il n'a pas dérogé à la perpétuelle réflexion qui l’habite lorsqu’il prépare une installation. S’intéressant à l’histoire et aux origines du site archéologique de Montauban-Buzenol, il a réfléchi à l’œuvre qui entrerait en adéquation parfaite avec son lieu d’accueil.