A l’époque, l’artiste travaille sur une thématique liée à l’objet, aux différents ustensiles qui l’entourent. Cette période, qu’il a appelée «les panoplies du corps», propose des tableaux dans lesquels ces objets sont mis en relation avec le corps humain. Il les rapproche et les assemble, ce qui procure à ses œuvres un aspect plutôt insolite. Ses personnages deviendront presque des «robots», entre chair et éléments matériels s’interpénétrant, et formant un ensemble étrangement harmonieux.
Si les objets peints étaient encore assez visibles dans les années 70, ceux que contiendront les œuvres de la décennie suivante seront à peine discernables. Suggérés par des traits, l’accent sera mis sur l’espace dans lequel ils sont représentés. La notion de réalisme s’éloigne donc de plus en plus de cette démarche qui favorise une perception tout autre, fondée sur l’incertitude du regard. Sa thématique poursuivra dans ce sens, en proposant des liaisons entre gestes et objets. Tantôt reconnaissables, tantôt à peine esquissés… Passer du «réalisme» à l’«abstrait», dans un même tableau, ne le dérange absolument pas. Cela ne l’empêche pas de suivre une certaine continuité.
Dans ses œuvres récentes, et depuis les années 2000, le sujet accorde une place importante à la féminité et la virilité. Ce qui est intéressant dans cette association féminin/masculin, c’est qu’elle exprime aussi bien des notions opposées que complémentaires.
Certains voient dans ses tableaux un milieu proche de l’organique, formé de divers éléments flottants, des organes, des bactéries, etc.
Quand le spectateur n’identifie pas les formes, il les associe parfois à de simples signes graphiques issus d’un univers mystérieux, comme celui de l’occulte.
L’artiste, quant à lui, reconnaît sa thématique liée à l’univers organique. Sa peinture est très sexuée à certains moments, et plus poétique dans d’autres cas.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas dupe de ce qu’il représente. S’il emploie du rouge, ce n’est pas innocent... Il s’exprime dans ses tableaux, il lance des pistes, et chacun suit son chemin en les interprétant comme il le souhaite. Le spectateur voit ce qu’il a envie d’y voir, il arrive même qu’il escamote ce qu’il voit réellement!
Et lorsque Christian Rolet travaille sur ses objets en 3 dimensions, c’est vers un sujet identique qu’il s’oriente. C’est en quelque sorte la continuité de son travail de peinture.