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Du 08 juillet au 14 octobre 2012

Cornelia Konrads (D)

Etang // Montauban

Installation extérieure

Autour de la première île que l’on aperçoit sur l’étang du site en descendant de Buzenol, un large récipient – grandeur Nature – émergeait à la surface de l’eau, qui semblait engloutir une partie de l’îlot. D’entrée de jeux – mais oui, ces jeux del’esprit qui se jouaient tout l’été entre Dame nature et sa cousine de la ville, Mademoiselle Dérision – l’installation de Cornelia Konrads plongeait le paysage de Montauban et son visiteur dans le vif du sujet : la suspension des catégories de pensées et de jugement que provoquait l’indécision où nous plaçait soudain la vision de ce morceau de paysage en immersion, dans lequel on reconnaissait confusément quelque chose qui nous concerne.

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INFOS

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À l’instar des autres installations éphémères ou permanentes que l’artiste allemande réalise depuis une dizaine d’années dans des espaces publics, des parcs de sculpture ou des jardins privés, un peu partout en Europe comme sur d’autres continents, cette installation se fondait complètement dans le lieu investi : né du paysage, elle en empruntait la densité, elle en épousait la forme pour mieux s’y dissoudre et rafraîchir en nous la vision du lieu où l’on se trouvait ainsi confronté à l’étrangeté d’un très léger désordre des choses; soudain, tout se remettait à flotter dans notre esprit – qui du coup s’éveillait. Ici comme ailleurs, l’artiste explorait donc avec humour, malice et légèreté un état intermédiaire du paysage et, par ricochet sur l’eau stagnante de notre conscience, un état intermédiaire de l’esprit que l’on peut situer précisément entre les deux pôles qui thématisent la saison d’été – dans l’exacte nuance du dérisoire qui affleure à la surface de l’étant où nous nous ébrouons plus ou moins de gaieté de cœur. Car si on gamberge beaucoup dans cette vie, il nous faut, dieu merci, le truchement d’un autre et la matérialité d’un lien ou d’un lieu – une œuvre d’art, un livre, une rencontre, un paysage – pour qu’émerge la conscience de l’éphémère qui la grève et se renfloue le désir intense de la vivre.
François de Coninck