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Du 09 septembre au 22 octobre 2023

Samedi et dimanche de 14h à 18h ou sur rdv.

Creuset

Site de Montauban-Buzenol

Exposition

Avec les oeuvres et installations de Julie Calbert, Julie Krakowski et Rokko Miyoshi.

INFOS

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Un creuset est toujours ouvert


À la fois vide et forme, sa vacuité intérieure le rend apte et prêt à façonner d’autres formes, issues de lui seul mais qui, pour parvenir à l’existence, doivent s’en dépendre.

Si l’on veut que le creuset crée, il suffit de lui transfuser les matières, les éléments nécessaires. Divers, ils ne feront qu’un. Dé-constitués, mêlés, ils seront régénérés. Le creuset les recevra et en fera ce qu’il est prédestiné à en faire.

Durant trois siècles et demi, dans la vallée de Montauban, au bas des hauts-fourneaux des creusets sidérurgiques s’emplirent de métal brûlant. Puis l’immense, l’immatériel creuset du temps, qui compose, décompose et, à partir des mêmes éléments, recompose mystérieusement tout sans trêve, mua le fond du val en friche et les hauts-fourneaux en ruines dont tout outil avait été ôté. Quelques dizaines d’années plus tard, le vide du site, sa forme, sa nature, sa mémoire en firent un parfait creuset pour l’art.

Cet automne, le CACLB accueillera trois artistes de Bruxelles. Déjà, l’automne dernier, ils ont pu, pour la première fois, prendre physiquement le pouls du lieu, apprécier son esprit. Au début de cet été, lors d’un plus long séjour, ils reviennent affiner leur approche.

Par leur vacuité intérieure, ils ont été, seront aptes et prêts à ressentir le présent paisible, protégé et protecteur, de Montauban, son histoire industrieuse, son très lointain passé sous-marin. À travers ce qui les forme, à savoir leurs structures de pensée, leurs connaissances et pratiques artistiques, ils façonneront d’autres formes. Les matières locales, riches, diverses, composeront trois oeuvres originales. En dé-constituant, en mêlant ses éléments, Montauban sera régénéré par autant de visions singulières.

Par l’entremise d’objets, d’images, le travail de Rokko Miyoshi interrogera les relations de pouvoir, rendra visible les conditionnements invisibles, en l’occurrence ceux supportés antan et en ce lieu par les humains, de par leur travail quotidien. D’autres objets, récoltés in situ par Julie Calbert, d’autres images, entre le minéral et l’organique, abstrairont Montauban de ses éléments présents, l’investiront d’une présence autre. L’eau et le vent, captés sur le vif et le site par Julie Krakowski, empliront de leurs modulations l’intérieur des containers, et ses fins verres filés feront écho aux baies vitrées qui les ouvrent vers le dehors, les arbres, la lumière.

Durant leur exposition, ces travaux artistiques parviendront à une existence propre en se déprenant de leur créateur. Chez chacun, une alchimie inventive est à l’oeuvre, dans un creuset très personnel au vide polymorphe.

Un creuset qui, à l’image du site de Montauban, est toujours ouvert.


Alain Renoy